Devenir grand, devenir parent

Il y a déjà trop de gens dans ce monde : pourquoi en rajouter ?

On aimait bien notre vie libre et bohème.

Les soirées arrosées, l’esprit léger, on n’avait pas d’heure pour rentrer ou se lever le lendemain.

(À part, bien sûr du lundi au vendredi, on ne va pas déconner !)

Alors pourquoi compliquer ?

Bah, disons qu’un jour je me suis fatigué.

Ma liberté bohème m’a ennuyée plus qu’elle ne m’amusait.

Je me suis vu avoir envie de m’emprisonner, tel quel mes anciens camarades toujours débordés.

Qui n’avaient rien d’autre à raconter qu’otite, crèche, nounou, gastro…

Est-ce que je devenais fou ?

Pourquoi bon je pensais à ce gosse hypothétique qu’allait me foutre la paix ?

Alors pourquoi la curiosité d’entendre sa voix, de voir son petit visage, de me retrouver en lui non seulement envahissait mon esprit, mais en plus me faisait sourire ?

Si, si, si, parce que je me suis regardé avec un sourire stupide sur la face, exactement comme celui des nouveaux amoureux.

Qu’est-ce qu’il m’a pris ?

Je ne me suis pas drogué, ma tête est toujours sur mes épaules, pas de vin, ni de whisky, ni d’armagnac.

Comment serait-il possible que j’aïe ces pensées alors que je suis en pleine conscience ?

Aurais-je peut-être un dérèglement hormonal qui me ferrait sourire à l’idée de cette petite personne, quelque part toi, quelque part moi, quelque part elle même ?

J’ai envie de la découvrir alors qu’elle n’existe que dans mes pensées.

Ces pensées infernales qu’envahissent mon esprit en contredisant toutes mes convictions mûrement réfléchies tout au long de ma vie de libre bohème.

Il y a déjà trop de gens dans ce monde, sans parler des enfants orphelins. Alors pourquoi en rajouter ?

Tous les sacrifices cumulés d’une part puis tous les bénéfices probables d’une autre part, quel est le résultat ?

Bah… Disons que la somme des sacrifices moins la somme des bénéfices, ça te fera un sourire.

Mais attention : il s’agit d’un tout petit sourire !

Un sourire sur un tout petit visage, quelque part toi, quelque part moi, quelque part lui même.

Un sourire qui vaut simplement plus que tout dont je pourrais convoiter en ce moment

Est cela bien tout ?

C’est bien ça ma motivation pour balancer tout mon équilibre de libre bohème ?

Bah… Apparemment oui.

Ok, bon alors c’est parti !

Faites cet enfant et devenez grand !

Parce que seulement en grandissant vous deviendrez parent.